Histoire de la Loge Union et Fraternité

Création historique en 1767

Fondation

Union et Fraternité est installée en 1767, c'est la troisième Loge Caennaise. En 1773, elle est reconnue par la Grande Loge de Clermont puis rejoint le Grand Orient quelques mois après.

Le Tableau d'effectifs de 1785 révèle que onze de ses membres ont été initiés avant 1776. Les plus anciens membres, fondateurs de l'Atelier sont : Charles Salomon FUMÉE négociant, Perre GIRARD orfèvre Laurent HAINGUERLOT contrôleur des greffes, Pierre LAMY DES VALLÉES, secrétaire de l'intendance tous quatre initiés en 1762. Les effectifs augmentent régulièrement jusqu'en 1785 et se stabilisent autour de trente à trente cinq membres jusqu'à la fermeture de l'Atelier en 1793.

Le fondateur de l'Atelier est Pierre LAMY DES VALLÉES, assisté à partir de 1785 de son frère, Michel Louis LAMY comme secrétaire, puis Orateur de 1788 à 1789. Charles Salomon FUMÉE son beau-frère occupe le plateau de 1er surveillant en 1785, 1788 et 1789.

Fondateur d'Union et Fraternité. Pierre Lamy des Vallées

signature du Vénérable Maître Pierre LAMY DES VALLÉES

Vie de la Loge jusqu'à la révolution

Pierre Simon GIRARD, élève ingénieur des Ponts et Chaussées, fils de Pierre GIRARD, est initié en 1784 ; Pierre Laurent, avocat fils (ou frère) de Laurent HAINGUERLOT est initié en 1786.
De 1785 à 1789, à quelques exceptions près, on retrouve les mêmes noms ; l'ancienneté maçonnique moyenne est de neuf ans, elle augmentera jusqu'en en 1789 du fait de la faiblesse du renouvellement des Frères

Les colonnes d'Apprentis et de Compagnons sont très réduites non par manque de recrutement mais par des augmentations de salaires très rapides. Ainsi les Frères Jean-Pierre Samuel GAUTIER, orfèvre et Gilles Pierre BENARD, chirurgien, initiés le 5 janvier 1785, deviennent Maîtres le 24 Avril de la même année. Tous les grades sont affichés sur ces tableaux, les augmentations de salaires sont souvent fulgurantes : Michel Louis et Pierre Antoine LAMY DES VALLÉES, respectivement initiés en 1784 et 1787 sont Rose-Croix en 1789. Louis Jean POISSON imprimeur, initié en mai 1787, est Elu en Avril 1789.
Ils habitent tous Caen, la plupart au centre, dans le même quartier entre les rues de Geôle, du Moulin, Saint-Pierre et Saint-Laurent. Il s'agit de personnalités de la cité qui illustrent un fait constaté, la Franc-Maçonnerie peut aussi être vécue comme une affaire de famille.

On compte, en 1789, deux compagnons, huit Maîtres, cinq Maîtres Parfaits, quatre Elus, quinze Rose-Croix.
Le grand nombre d'élévations de grade, les fêtes solsticiales et autres manifestations sont certainement l'occasion de nombreux banquets qui resserrent les liens entre les Frères. Trois Frères Servans en assurent le service.

Parmi les professions nous relevons : cinq négociants, trois orfèvres, cinq fonctionnaires dont le secrétaire de l'Intendance et un lieutenant des eaux et Forêts, un apothicaire, un chirurgien, un inoculateur (médecin spécialisé pour la vaccination de la Variole), quatre avocats, un notaire, un étudiant, un instituteur Maître de Musique, un imprimeur et enfin un officier de marine Anglaise.

Union et Fraternité a eu pour vénérables successifs : (d'après R.N. SAUVAGE)

 

La Loge Union et Fraternité n'a fait parler d'elle auprès du Grand Orient qu'en deux circonstances :

Les prises de position de son Vénérable contre le principe d'inamovibilité des Vénérable (principe qui n'a pas eu d'application pratique puisque Pierre LAMY DES VALLÉES a occupé ce poste de 1767 à 1793.

Ses manifestations de joies et de charité lors de la naissance du Dauphin en 1784.

 

Des Loges de Caen, Union et Fraternité est celle qui compte le plus de professions tournées vers le commerce et l'artisanat et très peu de nobles, elle est l'image type d'une Loge bourgeoise stable mais repliée sur elle même. Son Vénérable manifestera, à l'intérieur de la Franc-Maçonnerie, des principes de démocratie autant qu'à l'extérieur, son attachement au régime de la Royauté Absolue.

Sa prudence et son repli permettront de faire d' Union et Fraternité la dernière Loge de Caen à survivre jusqu'en 1793, ce qui est exceptionnel.

Un ouvrage de 1875 relate ainsi la création de l'atelier :

La création de cet Atelier est due au Frère LAMY DES VALLÉES Secrétaire de l'Intendance. Ce Frère avait, un des premiers, compris tout ce qu'il y avait d'abusif dans le système de la maîtrise inamovible ; dans sa demande en Constitution, il stipula son désir que la Loge Union et Fraternité fut rendue amovible, afin d'en écarter tout esprit de despotisme qui pourrait, peut-être, par la suite, s'y glisser et troubler l'ordre, l'union et la concorde qui doivent régner parmi les bons maçons.
     L'installation de cet Ateliers eût lieu le 1er Février 1767, par les soins des Frères PAULMIER et LEDAULT, de la Constante Amitié et L' HONORE DU FRESNE des Coeurs sans Fard.
      La loge Union et Fraternité prit rang à la date du 12 Décembre 1765. Elle fut reconstituée le 9 Août 1773 par la Grande Loge de Clermont et, le 15 Novembre suivant, par le Grand-Orient de France. Elle ne comptait alors que 19 membres ; ce chiffre varia de la façon suivante :

  • 1776, 11 membres.
  • 1781, 19    id.
  • 1784, 26    id.
  • 1785 à 1791 stabilité à peu près complète.
  • 1792, 35 membres, appartenant au commerce et à la bourgeoisie, parmi lesquels on rencontre plusieurs officiers ministériels.

La nature de son recrutement, en mettant la Loge à l'abri des premiers coups de la Révolution, explique comment elle a pu atteindre son apogée à l'époque où la Maçonnerie voyait s'écrouler successivement tous ses Temples. Le Grand Orient ayant cessé ses Travaux lui-même, aucun document ne lui est parvenu concernant la Loge Union et Fraternité, postérieurement à 1792. Elle a du succomber vers 1793, car elle ne figure pas au nombre des Ateliers en activité à la reprise des Travaux du Grand Orient.

Il ne nous reste de cette Loge qu'un fait saillant : En 1784, la 3ème Loge de Caen fut une de celles qui firent le plus de démonstrations à l'occasion de la naissance du Dauphin de France. En informant le Grand Orient de l'allégresse qui régnait dans son sein, elle l'informait des nombreuses aumônes qu'elle avait distribuées aux indigents "pour fêter cet événement".

La Loge Union et Fraternité avait, dès son origine, contracté la louable habitude de procéder en grande pompe, chaque année, à l'installation de ses officiers dignitaires; par ce moyen, elle attirait de nombreux visiteurs et leur donnait une haute idée de sa valeur maçonnique. De fort beaux discours étaient prononcés à cette occasion et copie en était adressée au Grand Orient, où on les retrouve encore aujourd'hui.

 Source : Histoire Générale de la Franc-Maçonnerie en Normandie. De Loucelles, 1875.

Documents

 Liste des membres de la Loge Union et Fraternité, GODF Orient de Caen, en 1785
Liste des membres de la Loge en 1785

Assiette Maçonnique aux armes de la Loge Union et Fraternité, GODF Orient de Caen
Assiette aux armes de la Loge Union et Fraternité

Assiette en faïence blanche de diamètre 20 cm. avec un décor polychrome.

Le décor représente au centre le sceau de la Loge utilisé en 1785. De forme circulaire on y voit l'équerre et le compas sur 2 branches d'acacia, le tout entouré par la désignation de la Loge : UNION ET FRATERNITE A L'ORIENT DE CAEN. Ces assiettes étaient utilisées pour les fêtes et les banquets de la Loge qui avaient lieu tous les ans à l'Epoque de la saint-Jean d'été et de la Saint-Jean d'Hiver (fêtes solsticiales) .

Epoque : Fin XVIIIe
Origine : Collection particulière

 

Rallumage des feux en 1975

Sceau de la Loge Maçonnique Union et Fraternité, fin XXe siècle

En 1975, 17 Frères de la Loge Thémis procèdent à un essaimage pour fonder une nouvelle Loge. Cette Loge reprend le nom de la Loge historique Union et Fraternité. L'allumage des feux a lieu le 4 mai 1975.

A sa création, l'Atelier bénéficie du soutien de la Loge "L'Etoile des deux pôles" à l'Orient de Trouville.

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