Réflexions sur la liberté de penser

« Comment le franc-maçon peut-il travailler à sa propre liberté de pensée ? »

Si l’on doit répondre à cette question ce n’est pas tant à travailler sur les buts et les objectifs de la Franc-maçonnerie, c’est d’examiner la manière dont tout franc-maçon y parvient. Or, la Franc-maçonnerie met à la disposition de ses adeptes une méthode éprouvée que nous tenterons d’analyser pour mieux l’appréhender et la critiquer.

Le profane qui a reçu la lumière, va emprunter un chemin qu’il a librement choisi et qu’il suivra pendant son initiation pour devenir le seul auteur de ses pensées et des ses actions afin de ne pas être tributaire d’idées reçues, de vérités a priori, de pensée unique et de vivre sous l’influence de dogmes, d’évidences, des certitudes et de la méconnaissance du doute salvateur, ce que l’on dénomme généralement les métaux.

Son initiation se fera dans une Loge maçonnique, parce que c’est un lieu le séparant du monde profane, en en franchissant le seuil, il fait l’expérience du sacré. Il lui garantit la possibilité d’être le propre artisan de son entreprise au contact d’autres personnes qui sont dans la même situation, faisant que cette liberté qu’ils acquièrent, est la condition de la liberté de tout un chacun.

Il suivra pour ce faire une évolution progressive graduée :

Apprenti, il conduira un premier travail sur soi dans le silence, en acquérant et développant sa propre capacité de penser, pour éprouver ses opinions et ses certitudes. Ce sera l’amorce de la construction d’un appareil critique pour asseoir ce qu’il pense vraiment dans sa nouvelle condition. Il travaillera aussi sur la perpendiculaire afin de faire en lui l’ « expérience maçonnique » pour mieux comprendre qui il est et ce qu’il représente.

Compagnon, puis Maître, il prendra place, toute sa place dans la communication, le partage et la transmission de ses connaissances et de ses expériences, dans un enrichissement mutuel avec tous ceux qui l’accompagnent dans « la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité » ces horizons permanents si faciles à énumérer et si difficiles à atteindre. En complément de l’introspection du premier grade, il fera ici l’expérience de l’altérité. Ayant déjà travaillé sur lui-même, il saura mieux discerner les autres et sera mieux à même de comprendre les travers humains avec d’autant plus de fraternité qu’il sait qu’il est lui-même faillible.


Et c’est guidé par un rituel, accepté librement - dans l’exercice symbolique d’un temps qui se déroule de midi à minuit chaque fois que sa loge se réunira - qu’il continuera la construction patiente de son chemin. Il bénéficiera toujours dans sa progression d’une expérience incomparable, les réactions des Frères de la Loge à une planche bien travaillée, bien dressée alors que la parole circule et que chacun s’exprime librement. Voltaire avait une manière très personnelle de le dire quand il écrivait à propos de la Tolérance : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai toute ma vie pour que vous puissiez le dire ».

Ainsi Il cultivera les vertus et parmi elle la Tolérance, il apprendra qu’il faut :

 

Ceci n’est possible que parce qu’il est nécessaire de faire l’expérience de la réflexion, du retour sur soi-même pour mieux combattre les dogmes, les évidences, des fausses certitudes. C’est l’adoption permanente d’une réflexion-action constructive progressive propre à la Franc-maçonnerie et donnant à la fois implication et distanciation.
Ces capacités d’implication et de distanciation par rapport au sujet traité, à celui qui le traite et les réactions qu’il est amené à éprouver sont autant de facteurs qui l’aident à se dépasser dans sa liberté de penser, d’être l’artisan de son destin et de construire le sens de sa propre vie.

Ainsi s’acquiert la liberté de conscience, la liberté par rapport à l’autre et aux situations vécues, la  liberté de se connaître mieux en respectant les autres. C’est la démarche que la Franc-maçonnerie propose pour se libérer des idées reçues, de ses emballements, de ses indifférences pour aller vers plus de vérité, plus d’authenticité et plus de fraternité.

Tout initié devient alors auteur de ses actes et de ses pensées et le miroir que me renvoie mes Frères en Loge, les rendent plus crédibles et les valident. Une nouvelle dialectique s’instaure pour l’initié qui est libre de poursuivre sa quête ou d’y renoncer. Mais, s’il persévère il reste « un Moi en initiation » poursuivant son chemin, et gagnant toujours plus de vérité, de vertu, d’autonomie et de fraternité.

Répondre à la question posée ce n’est pas inventer une nouvelle initiation, c’est s’assurer que les conditions repérées tout au long de l’analyse qui a été conduite se réalisent intégralement pour le Frère qui a été admis parmi les Francs-maçons et quelles ne se perdent pas en cours de route.