CAEN une grande ville au XVIIe et XVIIIe - Gabriel VANEL

CAEN une grande ville au XVIIe et au XVIIIe siècle

Gabriel VANEL publie en 1912 chez Jouan, Editeur, Librairie de l'Université, 98 rue Saint-Pierre, une histoire anecdotique de la ville de Caen en 3 tomes :

CAEN une grande ville au XVIIe et au XVIIIe siècle.

La vie publique à Caen Moeurs et coutumes.
La vie privée à Caen les usages, la société, les salons.
Ce qu'on lisait à Caen.


Il présente ainsi son ouvrage :

" Sans négliger ce côté de nos recherches qui reste pour nous le principal, nous avons voulu présenter à nos lecteurs un ensemble d'observations sur les usages, les moeurs et le coutumes de nos aïeux, pendant les deux siècles qui ont précédé la Révolution."

Nous y avons relevé les passages concernant les Francs-Maçons à Caen :

Vers cette époque (1738) une brochure parut à Caen et y fit assez de bruit, pour qu'un annaliste, pourtant peu préoccupé de ces sortes de choses, en parlât dans ses notes. Il s'agissait d'une secte qui prenait à Paris une extension considérable, celle des freemassons, devenus bientôt les Francs-Maçons, en français. Le mystérieux de l'association contribuait à son succcès et les correspondances particulières augmentaient encore la curiosité du public.       (T.III p.155.)


Dans une lettre de la capitale, adressée à M. de Caumont, nous lisons ceci :

Il n'est bruit que de la coterie des Freemassons ; tout le monde en est ou veut en être. On prétend que les associés ont un secret sur lequel il ne leur est pas permis de s'ouvrir et que, ceux même qui s'en sont mis avec le dessein de le révéler, le gardent dès qu'ils sont initiés . . . Vous ririez d'entendre tous les contes différents que l'on fait sur les Free-massons, leur secret et les signes par lesquels ils se reconnaissent. Le bon, c'est qu'en résumant ce que les narrateurs en disent, on parvient à n'y trouver aucune uniformité. Au reste, si l'ordre a ses ennemis, il a aussi ses apologistes. Je vous envoie une pièce qui vous le prouvera . . ."      (T.III p.156.)

Déjà à cette date, les Loges étaient fort nombreuses et ce fut cette même année (1738) que le duc d'Antin en devint le Grand Maî;tre. Trois ans plus tard, une loge était fondée à Caen, c'est Etienne Desloges qui nous l'apprend : " Il s'est élevé, dit-il, une Société de Flammassons. Ils ont tenu leurs assemblées chez Sinard, huguenot (Signard d'Ouffières) ; ils ont été divorcés et il y a une bulle qui les a excommuniés, comme des débaucheurs et des détracteurs de la religion chrétienne. Cette première Loge dura peu, et c'est après un assez long intervalle, fut remplacée, en 1773 par la loge Saint Jean de Thémis "      (T.III p.156.)

Cependant, on continuait à s'occuper à Caen de la secte et de ses tendances. Les opinions étaient même très partagées. La société avait de nombreux adeptes dans les rangs de la noblesse, les idées philosophiques du temps s'accordaient avec les siennes. Dans tous les cas, malgré certains scrupules religieux, on hésitait à la condamner... On s'en moquait aussi ouvertement. Le 2 août 1742, après une représentation dramatique nnée par les élèves du Collège du bois, il y eut un ballet comique qui tournait en ridicule la secte nouvelle.     (T.III p.158.)

Réédition par les Editions Lafitte Reprint à Marseille, 1981